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Publié le par Felix Laitier

 

 

De : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com > 17h19

à :  Emma Vella < emma.vella@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues

 

Moi ? Je suis un imposteur. :-)

Bonne soirée à toi.

 

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De : Emma Vella < emma.vella@elaq.com > 17h17

à : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues

 

Noooooon ! Trop fort ! Un vibrant secret. Tu as sûrement raison ! :-D

 

Ah... Joli cas, le secret de Yoko ! Alors je dirais qu'elle travaille à plein-temps : c'est-à-dire chez Elaq le jour, dans une usine de fabrique de bonbons la nuit. Elle finit les surstocks devant son écran (et s'essuie les doigts sur son clavier - la touche echap ne serait aux dernières nouvelles plus utilisable).

Mon dieu, Felix, qu'est-ce que tu me fais dire ? J'ai honte de ma médisance ! Heureusement qu'il est temps pour moi de partir et d'arrêter ce jeu, je deviens odieuse... Allez, un dernier pour la route quand même. Et toi ? Quel est ton secret, Felix Laitier ?

 

D'avance je te souhaite une bonne soirée.

Emma

 

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De : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com > 16h54 

à :  Emma Vella < emma.vella@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues

 

Marie, Marie, Marie... Je peux déjà dire ce qui n'est un secret pour personne : elle n'avait pas voté François Hollande, vue sa tête en arrivant ce matin. Mais cette femme perd les élections tous les jours...

Non, en fait je pense que Marie n'est pas dépressive. Elle combat sa nymphomanie en présentant ce masque sinistre toute la journée. Ne pas être tentée par les avances des hommes !! Pendant son temps libre, elle arrondit ses fins de moi en faisant des réunions sextoys avec ses voisines. L'évolution naturelle des soirées Tupperware. Elle est la vendeuse number one du modèle RoccoBoy !

 

A toi : d'après toi quel est le grand secret de Yoko ?

 

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De : Emma Vella < emma.vella@elaq.com > 16h22 

à : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues  

 

J'aurais dû le voir venir... 

 

Quoi ? Nanard, mon patron ? Ecoute, ça c'est vraiment top secret, ne le répète surtout à personne. Je peux te faire confiance ?

Eh bien voilà : un jour - je crois que c'était en mars - Nanard aurait traité un dossier. Oui, il aurait travaillé dix minutes d'affilée. Bon, ça reste une rumeur, à prendre avec des pincettes...

 

Your turn : Marie ?

 

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De : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com > 15h36 

à :  Emma Vella < emma.vella@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues

 

Absolument pas !

 

Arghh ! Tu m'as devancé ! C'était le suivant dans ma liste !

Que dire sur Pasquier ? Ah je sais, c'est évident : il a le béguin pour toi. ;-P 

 

J'aimerais maintenant savoir... que nous cache Nanard ? 

 

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De : Emma Vella < emma.vella@elaq.com > 15h26   

à : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues  

 

Mais voyons Felix, c'est évident. Tu ne l'as pas remarqué ? Bénédicte a le béguin pour toi ! 

 

A ton tour ! Le secret de Pépé* ?

 

 

 

*Sous-titre pour les malentendants : PP, Philippe Pasquier

 

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De : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com > 14h23

à :  Emma Vella < emma.vella@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues

 

D'abord il faut savoir que Banjo est chauve. Il porte une perruque. Mais je détiens un autre scoop : il a décidé de passer la semaine prochaine aux PTT pour commander un Minitel. Avec cette récente addiction aux nouvelles technologies, je lui prédis l'ouverture d'un compte Facebook pour octobre 2042. 

 

Retour slicé : notre rockeuse, Bénédicte ?

 

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De : Emma Vella < emma.vella@elaq.com > 14h07   

à : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues 

 

Barnabé, je suppose qu'il n'a aucun secret. Cet homme n'a aucun filtre ! Ou s'il a un secret, celui-ci doit être extrêmement obscur, graveleux. En douce, tous les jours, dans le dos de sa femme, il programme sur son vieux magnétoscope Bluesky l'enregistrement d'émissions qu'il ne rate jamais. Accro, la nuit venue, il rembobine sa bande et il mate en douce, carte bancaire à la main... des télé-achats !

 

La balle est dans ton camp : Benjamin ? Banjo je veux dire.

 

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De : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com > 12h09   

à :  Emma Vella < emma.vella@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues  

 

Ahhh, tout s'explique ! :-D

 

Je vais te dire le secret de notre Directrice : son trip est d'observer les courriels de ses employés à longueur de journée. En ce moment-même elle se marre bien de notre conversation !

Par ailleurs elle passe 5% de son budget dans une pommade anti-inflammatoire pour son coccyx depuis que je lui ai pété. Mais ça, tu le savais déjà...

 

A toi de jouer ! Dis-moi tout sur Barnabé !

 

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De : Emma Vella < emma.vella@elaq.com > 11h55     

à : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues 

 

Allez, d'accord, exceptionnellement parlons de nos collègues...     

 

Tu es curieux, tu veux connaître le jardin intime d'Eddy ! Et bien la vérité est que si ton chef parle tellement toute la journée, c'est que jadis il a été moine et qu'il avait fait voeu de silence. Maintenant il se rattrape. En effet, après sept longues années la langue passive dans son abbaye, en allant acheter des chewing-gums (parce qu'on ne le dit pas assez, mais chez ces moines l'haleine est un vrai problème !) il a croisé celle qui allait devenir sa femme et dont il parle aujourd'hui trente fois par jour. C'est à cette date qu'il a renoncé de concert au silence, à la chasteté, et au régime sans féculent.

 

Montons plus haut dans la hiérarchie. Que sais-tu sur notre chère Directrice ?

 

 

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De : Felix Laitier < felix.laitier@elaq.com > 10h39  

à :  Emma Vella < emma.vella@elaq.com >

Re : Petits secrets entre collègues  

 

Bonjour Emma,

 

Je sens que la pluie ininterrompue sera la seule distraction de cette journée si on ne prend pas les choses en main. Alors je te propose un petit jeu. Une fois n'est pas coutume, nous pourrions parler de nos collègues. Et rechercher leurs cachotteries les plus intimes, leurs plus inavouables secrets, leurs comptes occultes dans des paradis fiascos ! 

 

Alors Emma, d'après toi, quel est le plus grand secret d'Eddy ?

 

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Dans les oreilles : The Doors "Crystal ship"    

 

 

 

Ca n'a pas du tout fonctionné comme je l'espérais. Ca m'apprendra à jouer les manipulateurs. Le marionnettiste est comme le maître qui promène son chien ; on ne sait pas toujours lequel balade l'autre.

Et cette pluie fine qui retombe et entaille l'épiderme de la nuit gigote comme les fils d'un spectacle dont je serais le guignol.

 

Je pensais que mon petit jeu ne partirait pas autant dans ce qu'on appelle communément le délire, mais c'est l'axe de l'humour qu'Emma a tout de suite imposé. Impossible pour moi de savoir ce qu'elle pense réellement de Pasquier. Impossible de savoir ce que Nanard, son chef direct, a dans le ventre et s'il peut être lui-même un saboteur. Impossible, face au rythme des réponses, d'aborder plus de cas de cachotteries. A quoi bon d'ailleurs ?

 

Oui, je me lamente. Il commence à faire vraiment froid. Le Cous' a quitté mon balcon depuis plus d'une demi-heure. Je ne l'ai pas raccompagné, agglutiné sur ma chaise. Des résidus bordeaux pigmentent le fond des verres à pied dépareillés. On a fêté le nouveau président avec un jour de retard. Le Château Réfémal ne réchauffe plus. La nappe cirée n'est pas très propre. Moi non plus. Essayer de soutirer des infos à Emma, avec ou sans sabots, c'est moche.

 

J'laisse le balcon derrière moi ; les bouteilles, vides ; mes considérations, vides ; j'trébuche sur mon pieu. J'mate le plafond. Monocouche mat. Je suis une masse. Une torpeur pourpre m'éloigne des ombres qui déplacent mes murs. Le vin me tire les yeux. Mon angle de vision est raboté. Arrondi. Les ombres mouvantes mes racontent de petites histoires. La berceuse des phares. Les gens qui rentrent chez eux. Ceux qui travaillent de nuit. Périphérique story.

 

Tout glisse. Les feux de croisement pénètrent mon obscurité. La lumière couche avec les ombres exhibitionnistes. Une partouze sur mon plafond. Le voyeur n'éprouve aucune excitation. Des langues noires lèchent des tubes clignotant de plaisir. S'étendent comme du lierre. Les noeuds de la nuit se font et se défoncent. Ma vue ne tient plus qu'à un fil. Le marchand de sable mou vend sa came.

 

Un éclair obscur éclate ! Casse mon somme, comme ma masse sursaute. Une fissure tâche le spectacle des ombres. L'interrompt ! La crevasse avance, d'un jet, cicatrise au fur et à mesure de son parcours sur mon plafond. Elle se tortille. Cette fente maîtrise les arts de la danse. Elle contrôle sa respiration. Je réalise qu'une fente ne devrait pas avoir à respirer. Et que la lézarde est un lézard ! Un gros reptile vert-bouteille. Je revois au loin le Château Réfémal à côté duquel il a dû se faufiler, et comprends que je n'ai pas fermé la porte du balcon.

 

Il est énorme, chef de meute, conquérant, spielbergien. Les petites histoires ont tourné au cauchemar. Jurassique story.

 

Je t'en prie ne tombe pas, pas maintenant. Reste bien accroché aux infimes aspérités de la peinture tant que tu es au-dessus de ma tête. A reculons pour ne pas le perdre de vue, je cherche l'interrupteur. Le cri blanc de l'ampoule nue ne l'effraie pas et il se projette vers un coin. Je me jette sur un balai. Et je me demande comment je vais indiquer le chemin de la sortie à cette sale bête. Le bout du bout du manche en main, la distance bien assurée, je menace mon adversaire, le poil frissonnant. Victoire, la fissure verte fait demi-tour !  Regonflé d'orgueil, je pourchasse l'animal longiligne dont les ventouses - ou les griffes, qu'en sais-je ? - défaillent. Il chute et s'introduit dans les plissures innocentes de mes draps. Salaud !

 

Je tire le coin de mes draps pour les défroisser. Le Dieu-Lézard apparaît alors, sur fond blanc, cupide et fantastique. Ses pattes sont chaussées de jaune. Sa langue m'insulte à bonnes doses. Mais ce qui me glace les yeux, ce qui m'éblouit le sang, c'est sa peau épaisse. Sur son dos, sur sa queue, une inscription. Des lettres. Deux mots. Deux noms. Emma Vella. Emma.Vella.

Entre le dos et la queue, un point séparant les deux noms. Le message est écrit de façon très nette sur les écailles. Il s'agit de la police de caractère Outlook ; des mots dont j'attends l'apparition toute la journée. Mais comment est-ce possible ? Effaré, effrayé, j'abats le balai sans penser aux viscères que je devrai nettoyer. Mais quand je soulève la brosse, il n'y a plus que la queue, encore vivace. Vella.

Emma s'enfuit, amputé.

 

"- Ca repoussera..."

 

 

 

 

 

"- ... ahhh !"

 

J'ouvre les yeux sur mon plafond que la circulation de la rue n'échauffe plus. Le balcon est effectivement ouvert. Vue la météo, je doute que les lézards soient de sortie. Mais dans le doute...

 

En me recouchant, marionnette titubante, je jette quand même un oeil dans le coin supérieur. Puis défroisse mes draps. L'intrusion du sanglier dans mon espace m'a marqué davantage que je ne le croyais. Quant à l'épilogue marquant de ce rêve, je ne cherche même pas à l'analyser. Seul le mot obsession me vient et je m'endors dessus, m'en sers d'oreiller.

 

 

 

 

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